Voilà plusieurs semaines que je n'avais pas écrit sur un disque. Je dois avouer que j'ai passé beaucoup de temps, comme chaque année, à mettre à profit les milliers de classements publiés dans chaque recoin du web pour découvrir les nombreux albums que j'ai ratés en 2009. J'ai trouvé beaucoup de baudruches, beaucoup d'écoutes dispensables, mais heureusement quelques belle trouvailles, que je n'aurai pas le courage de toutes mentionner car la plupart ont déjà été louées maintes fois au sein de maints sites. J'aimerais cependant parler ici de l'album des Mountain Goats - et en préalable, je dois avouer que c'est le premier album de ce groupe que j'écoute, malgré la taille déjà imposante de leur discographie.
J'ai envie d'écrire que "The Life Of The World To Come" est un album honnête ; ironie lexicale, ce serait sous-entendre à peu près le contraire de ce que je ressens réellement. Un disque "honnête", c'est comme une personne "gentille" : sous le compliment apparent se cache en général un dédain à peine masqué. Or j'ai tout sauf envie de dédaigner "The Life Of The World To Come". Si je parle d'honnêteté, c'est parce qu'à aucun moment cette musique ne semble fabriquée, travestie, maquillée. Au contraire, les Mountain Goats portent haut les valeurs de ferveur, de simplicité, portés par une véritable foi en la musique (les titres des chansons, faisant tous référence à des passages de la Bible, attestent d'ailleurs de la place de la foi, sous toutes ses formes, dans cet album). Dès la première écoute, la profonde sincérité du disque s'impose, principalement véhiculée par la belle voix voilée de John Darnielle, et par les instrumentations, très acoustiques, sobres et parfois rudimentaires mais pourtant assez travaillées. Les quelques interventions du très à la mode Owen Pallett sur des arrangements de cordes se fondent remarquablement dans l'ensemble, apportant des enjolivures bienvenues sans pour autant phagocyter l'attention. Quant à l'écriture, elle tient remarquablement la rampe ; dans une veine très marquée par le folk, le songwriting de Darnielle est classique, sans volonté réelle d'innover, mais maîtrisé.
Serait-ce à dire que "The Life Of The World To Come" est un chef-d'oeuvre ? Certainement pas, mais sa simplicité, son honnêteté en font le disque le plus attachant que j'aie écouté ces dernières semaines. John Darnielle n'a certainement rien à faire de la hype, doit se foutre des modes comme de sa première corde cassée. "The Life Of The World To Come" est un album sur lequel rien n'est feint, dans lequel la cosmétique n'a pas droit de cité. Cette qualité devient, je m'en rends compte, une qualité qui me touche de plus en plus dans les disques que j'écoute. J'avais déjà écrit tout le bien que je pensais, pour des raisons similaires, de "The Meadowlands" de The Wrens.
Au-delà de leurs qualités intrinsèques, certains disques ne valent que par ce que l'auditeur en fait. Cet album des Mountain Goats appartient vraiment à cette veine de disques "contextuels". Pour qui souhaite rester en phase avec le rythme frénétique imposé par notre siècle, "The Life Of The World To Come" pourra paraître ennuyeux et fade. Pour qui estime au contraire avoir besoin de se mettre en retrait quelques temps, de se mettre hors circuit et de respirer, il sera en revanche un compagnon des plus précieux.
Pour vous en convaincre, je vous propose d'écouter le merveilleux 1 John 4:16
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1 commentaire:
Tallahassee était inégal mais assez touchant par moments aussi, même si pour le coup il tournait un peu plus au concept album (l'histoire d'un couple d'alcooliques qui se retire à Tallahassee pour recommencer sa vie), la comparaison avec The Meadowlands marchant aussi du coup. No Children en particulier est une chanson fabuleuse malgré ses paroles très amères.
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