30 août 2009

PSG - Lille : 3-0

J'entame avec ce match ma seconde saison d'abonnement au Parc des Princes (symptômatique : j'hésite encore à écrire supporter, même si en définitive ma préférence ne fait aucun doute...). Je retrouve ainsi la tribune après plus de 3 mois de coupure, et je goûte de nouveau à l'ambiance électrique du Parc : on l'oublie facilement après quelques semaines de désintoxication, mais le stade est aussi une petite addiction. L'après-midi se prête parfaitement aux retrouvailles : temps au beau fixe, température agréable. Si l'on ajoute à cela qu'à la 4ème journée de championnat, les enjeux sont assez limités et ne risquent pas de créer de tension trop exacerbée, que de plus le PSG pointe parmi les premières places de la Ligue 1 après un début de saison très réussi, tous les ingrédients sont réunis pour un beau spectacle.

En l'occurrence, au-delà du match lui-même, très réussi et bien maîtrisé par Paris, c'est l'adrénaline de retrouver l'ambiance du stade qui domine, le plaisir réellement physique de se sentir enveloppé par la foule, véritable masse humaine, toute en ferveur, en exubérance, en mauvaise foi. L'adrénaline, toujours, à haute dose lors d'une belle action, ou surtout, lors de l'explosion délirante de joie qui suit un but. J'avais oublié la force, la puissance absolue, primale / primaire de ces instants, j'ai été servi avec les 3 buts de ce soir.

Une nouvelle saison démarre, j'ai pris place à bord, pour l'instant la croisière s'amuse, et j'espère simplement que l'on saura éviter les galères de la fin de saison dernière. Erding et Jallet semblent bien prometteurs, Sessegnon toujours entre spectacle étincelant et jeu collectif déficient, Luyindula en forme, Coupet encore largement dans le coup : les raisons d'espérer sont bien là !

John Burdett - Bangkok 8

Rien de tel qu'un bon polar pour accompagner quelques heures de farniente estival ; extrêmement distrayant et réjouissant, "Bangkok 8" remplit plus que parfaitement cet office. L'histoire en elle-même est de facture plus que classique, s'appuyant sur un héros qui cherche à résoudre un étrange crime crapuleux dans un double but de justice et de vengeance, son meilleur ami (son "frère spirituel") ayant également trouvé la mort dans l'épisode. Plus original en est le développement, puisque le héros, Sonchaï Jitpleecheep, s'avère être un flic atypique refusant toute forme de corruption, et préférant s'adonner à la méditation pour construire ses enquêtes. Le choc des cultures orientale et occidentale est mis en scène par le biais d'une collaboration entre Sonchaï (métis fils d'un Américain et d'une Thaïlandaise) et Kim Jones, enquêtrice du FBI cherchant à pincer un énigmatique magnat du commerce de l'art.

Burdett ne se prive pas de donner force détails sur l'état de corruption et le fonctionnement atypique de la police thaïlandaise, et ne fait pas plus l'impasse sur le développement florissant de l'industrie de la prostitution. Indéniablement, l'efficacité de la narration y gagne, puisque le moindre événement quotidien devient révélateur d'un mode de vie et de pensée qui nous échappe presque totalement. A l'inverse, on n'échappe pas à un exotisme légèrement racoleur, à la limité d'un reportage de "Zone Interdite". En cela, on est assez loin des romans de Tony Hillerman, qui trouvaient leur force dans l'originalité du contexte (la communauté indienne à la fin du XXème siècle), et paraissaient plus exacts, moins sensationnalistes que "Bangkok 8". Moyennant quoi, en se gardant de la considérer comme une enquête sociologique (l'auteur reconnaît d'ailleurs assez humblement en fin d'ouvrage avoir recouru à quelques expédients pour agrémenter son roman), cette drôle d'histoire se déguste sans complexe, avec une délectation légèrement salace.

8 août 2009

Foo Fighters - Exhausted

Rideau temporaire pour quelques vacances... Lecteur, quittons-nous sur une chanson dont le titre en dira long sur mon état : Exhausted des Foo Fighters.

Je n'ai jamais suivi de très près la carrière des Foo Fighters après leur premier album, mais je me souviens encore de l'effervescence qui avait accompagné la sortie de celui-ci, et du premier concert des Foo Fighters dans un Bataclan surchauffé, avec, si ma mémoire est bonne, Built To Spill en première partie.

Cet album s'apparente plus à un album solo de Dave Grohl, qui l'a composé et enregistré seul ou presque. C'est peut-être ce côté "Do It Yourself", très punk, qui donne au disque une fragilité, une élégance que je n'ai pas retrouvé dans les albums suivants de Foo Fighters devenus groupe. Je retiens avant tout le dernier morceau de cet album. Exhausted (épuisé) porte magnifiquement son nom, je pense sentir ici s'épancher toute la tristesse, toute la fatigue de Grohl après la fin de Nirvana. Un exutoire désarmant de sincérité et de fragilité, précédant un cycle bien plus apaisé avec les Foo Fighters, qui vont devenir une usine à tubes power-pop lisses, de qualité mais sans grande personnalité.

La légende veut que Grohl ait proposé Exhausted à Cobain, qui appréciait la mélodie mais aurait préféré y apposer ses propres paroles. Je n'ai certainement pas à juger ce que Cobain aurait dû faire ou ne pas faire, surtout pas moi, mais c'est mieux ainsi. Dave Grohl méritait de garder cette chanson.


5 août 2009

Alias - Saison 5

"Alias", archétype de la série moins débile qu'elle n'en a l'air... Bien avant de jouer avec "Cloverfield" la carte de la duplicité ultime entre spectacle frénétique et mise en abyme intello, JJ Abrams a créé avec cette saga un premier hybride fascinant, compression "à la César" de Mata-Hari, Indiana Jones, Freud, Tomb Raider et Françoise Dolto. Il m'a fallu une bonne saison avant de tomber dans les rets d'"Alias", avant de me passionner pour le destin de cette espionne à l'entourage sévèrement secoué, le temps de me familiariser avec cette atmosphère particulière, entre cartoon et psychodrame familial. Evidemment, lorsqu'on a suivi toutes les péripéties (j'ai bien dit "suivi" et non "compris" ou "retenu") des quatre premiers volets de la série, on en attend avec une certaine fébrilité le dénouement...

Cette dernière saison d'Alias est à elle seule un concentré de paradoxes : comment conclure de façon aussi digne que possible une série dont, justement, la fin est dictée par des chutes d'audience ? Comment continuer à captiver le spectateur quand l'argument principal du spectacle devient accessoire ? L'énorme, au sens propre, surprise du début de saison est en en effet de découvrir la grossesse de Sydney Bristow (et par là même celle de Jennifer Garner). Une situation qui n'est pas sans conséquence sur le déroulement des épisodes, un des ressorts principaux de la série étant de s'appuyer sur les diverses qualités de la demoiselle, qualités athlétiques pour les cascades, anatomiques pour les scènes à déguisements ou tenues hautement improbables. Qu'il est déstabilisant de voir cet être que l'on croyait invincible, cybernétique, ramené à la condition de simple humain par la plus commune des raisons. Sydney Bristow, jadis walkyrie virevoltante, traîne péniblement sa misère, le visage bouffi, l'air ailleurs, nage dans ses nippes de femme enceinte. Avoir échappé à ce que la Terre compte de tueurs sanguinaires et impitoyables pour se voir terrassée par son propre foetus : bordel, c'est quoi ce message ?!

Etrangement, pour la première fois peut-être depuis le début de la série, j'ai pris le temps de regarder la série avec plus de recul, d'analyser les expédients mis en oeuvre par des scénaristes et des producteurs que l'on devine marris. Introduction de nouveaux personnages, mise en place de nouveaux dispositifs narratifs (avec Sydney qui devient le mentor d'une nouvelle espionne débutante), recours encore accru à des coups de théâtre totalement démentiels : tout y passe. Déterminant sine qua non de la série, le quota "bombasses" reste atteint grâce à l'arrivée de personnages hautement photogéniques (la blonde Rachel Nichols, parfaite en oie blanche, Amy Acker, jolie vilaine et Elodie Bouchez, plus discutable en espionne chevronnée). L'honneur est sauf, mais cela ne suffit pas totalement à maintenir la tension sur le début de saison, qui pâtit énormément de la situation particulière de son héroïne, et qui pédale donc allègrement dans la semoule. Pour le reste, business as usual, on marche mais presque à contrecoeur (-"Ah mais attends, tu es une espionne tueuse mondialement recherchée" -"Oui mais en fait je veux t'aider car je suis gentille" -"Ah bon OK alors").

La seconde partie de la saison, beaucoup plus enlevée, est évidemment marquée par l'accouchement de Sydney Bristow, et par le retour aux affaires d'une Jennifer Garner encore empruntée, mais infiniment plus efficace et charismatique que ses faire-valoir. L'épisode qui marque ce grand retour est le meilleur de la saison, percutant, bien écrit, drôle et haletant. Les épisodes suivants gardent le rythme pour un finale surchargé, excessif mais assez stimulant.

Le spectacle culmine logiquement lors d'un ultime épisode qui symbolise à lui seul les qualités et les défauts de la série : une action frénétique et invraisemblable, jamais dénuée d'humour, et un scénario qui ne recule jamais devant une incohérence pour garantir la persistance du suspens et de la tension. En orchestrant le retour (et le destin) de tous les personnages majeurs de la saga, le dernier épisode brasse allègrement les thématiques principales sur lesquelles elle s'est construite, pour un résultat déconcertant.

Assez loin des standards définis par les saisons 2 et 3, largement les meilleures de la série, cette dernière saison clôt "Alias" sur un sentiment mi-figue mi-raisin : encore une fois, j'ai dévoré les épisodes les uns après les autres sans le moindre ennui... mais sans non plus sentir la profondeur de champ qui pouvait donner leur ampleur aux moments les plus marquants de la saga. L'essoufflement déjà sensible lors de la saison 4 devient plus incontestable, et la vérité ultime d'"Alias" se fait alors jour : c'était vraiment bien, mais il faut passer à autre chose maintenant...