(Raillons un peu ces salauds de jeunes, ils ont moins de rides et plus de cheveux que nous, ils le méritent).
Vivre avec classe est un sacerdoce. Il est des moments où la robe de bure est plus dure à porter que d’autres, des moments où l’on a besoin de relâcher la bride. Des moments où même le plus fin gastronome peut avoir envie d'un hamburger bien gras, où le mélomane le plus averti aura envie d'écouter Numa Numa Iei, parce que... parce que bon.
Tout cela pour présenter un simple fait : j’ai lu "Twilight" - du moins le premier tome de la série. Pour être précis, ma volonté de compréhension de ce phénomène culturel moderne relève d’une opiniâtreté qui devrait m’honorer, puisqu’après une tentative de visionnage du film (assoupissement) puis une tentative de lecture du premier tome en anglais (assoupissements répétés ayant conduit à abandon), je me suis - couardement certes, mais avec opiniâtreté nonobstant - rabattu sur le premier volume de "Twilight" en traduction française. Prétendre que je fus épargné par des assoupissements répétés serait forfanterie, mais cette fois, je l'ai fait, je l'ai fini !
Ce qui me place en position idéale pour formuler de façon avertie les observations suivantes :
1) "Twilight" est écrit avec les pieds. Si la traduction paraît avoir été faite, au mieux, avec la main gauche, il faut reconnaître que le matériel de départ est d’une indigence stupéfiante, à tel point que Stephenie Meyer semble bien partie pour reléguer Mary Higgins Clark dans l'oubli au panthéon du néant stylistique. J.K. Rowling, en comparaison, c'est Balzac. La comparaison avec la maman de Harry Potter n’est pas insignifiante, puisque les deux partagent déjà un succès formidable, tant littéraire que cinématographique, porté notamment par un public jeune.
2) Ce qui me choque surtout dans "Twilight", c’est la pauvreté de l’intrigue et des thématiques. En termes de péripéties, on peut être aussi bref que le bouquin est long : on s’emmerde pendant les trois quarts du livre, puis une dernière partie manifeste une vague tentative d’animer le tout en recourant à une intrigue secondaire tellement artificielle qu’elle sent le rajout hâtif demandé par l'éditeur.
3) Même si cela ne relève pas d’une originalité terrassante, le thème de l’amour passionnel qui jouxte la frontière du fatal est toujours assez intéressant. La tension supplémentaire provenant du fait que la différence de condition entre Edward Cullen et Bella Swan les contraint à un amour platonique sans possibilité de passage à l'acte pourrait être un atout, mais cela vire au comique de répétition. En cherchant bien, on pourrait peut-être trouver des choses à écrire sur le thème de la différence d'âge entre le vampire immortel, adolescent depuis plus de cent ans, et l'oie blanche bien mortelle qui vient de fêter ses dix-sept ans. On pourrait...
Bref, en un mot comme en cent, "Twilight" reste pour moi une énigme. Sans être un fan transi de la série, je comprends, par exemple, tout à fait pourquoi "Harry Potter" a pu rencontrer un succès aussi massif, et aussi littérairement insignifiants soient-ils, les livres sont suffisamment bien construits pour s’avérer passionnants. Rien de tout cela ici : mal foutu, bancal, mal écrit, ce premier tome de Twilight est une vraie daube.
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