24 novembre 2009

The Wrens - The Meadowlands

Suivre l'actualité musicale, fût-ce en se restreignant à quelques styles circonscrits, a quelque chose d'exténuant. J'ai même le sentiment qu'avec l'avènement de ces outils "web 2.0" qui nous permettent de communiquer à grande vitesse, le défi est devenu démentiel. Il est possible de tout écouter (ou presque) et pour demeurer crédible, il devient nécessaire de tout écouter (ou presque). Combien d'erreurs de jugement peut-on commettre en tentant de rattraper le flot de l'actualité, de se maintenir au fait des dernières sorties, d'aller, littéralement, plus vite que la musique ?

Je me pose souvent cette question, c'est d'ailleurs pour cela que je me prête volontiers à l'exercice de la critique "oldies" : au moins sur un disque que je connais par coeur depuis des années mon jugement sera-t-il bétonné, argumenté, muri, réfléchi. Je me la pose aussi parce qu'un album comme "The Meadowlands" peut typiquement être la victime d'un zapping frénétique au gré d'une séance de navigation. Le style est classique, la production pas particulièrement clinquante : à la première écoute, j'aurais très bien pu remiser The Wrens dans la longue liste des groupes anonymes qui hantent les recoins les moins explorés de ma discothèque. Pourtant, depuis que j'ai fait l'effort de l'écouter en détail, cet album n'a plus quitté mes écouteurs, je peux même affirmer sans crainte que c'est le meilleur disque que j'ai écouté cette année. Précision : "The Meadowlands" est sorti en 2003 et je n'ai pas souvenir qu'il ait défrayé la chronique. Voilà qui invite à l'humilité...

Lecteur, si tu m'as lu jusqu'ici, je te demande de me croire quand j'affirme qu'une écoute (une vraie, par pitié, fais une pause, ne te laisse pas emporter par la vague de décibels actuels qui ne manquera pas de gronder derrière toi), qu'une écoute vaut mille mots, même si ces mots sont les miens et qu'ils valent eux-mêmes leur pesant de cacahuètes. T'aiderai-je si j'ajoute que le rock de The Wrens repose sur l'équilibre fragile entre un son assez rêche, peu sophistiqué, et une finesse mélodique surnaturelle ? Qu'il faut un peu d'attention pour apprécier à leur juste valeur le refrain irrésistible et les arpèges délicats qui ornent le finale de Ex-Girl Collection ? Que j'ai les poils des avant-bras qui se dressent à chaque fois que Happy se métamorphose de complainte plaintive en gigue mi-enjouée, mi-desespérée ? Que Faster Gun ou Per Second Second me donnent envie d'empoigner une guitare pour me joindre à la fête ? Que Thirteen Grand me donne envie de pleurer de joie ? Que lorsque The Wrens prétendent résumer 13 mois en 6 minutes, ils sont loin d'être ridicules ? Que la ferveur qui habite toutes ces chansons est tellement forte qu'elle serait foutue de me faire croire en un monde meilleur ?

"The Meadowlands" est bien plus qu'une anomalie statistique : c'est un formidable manifeste de pop-rock, une déclaration d'amour vibrante aux plus grands noms du genre, un acte de foi, tout simplement... Un jour, peut-être, je serai fatigué de courir après la nouveauté ; je prendrai alors le temps de profiter de quelques fameux disques qui suffiront à mon bonheur. Au rayon des albums aussi discrets qu'indispensables, "The Meadowlands" côtoiera certainement de très près le premier Pinback. Ce n'est pas rien, chez moi, de côtoyer Pinback.

2 commentaires:

Christophe a dit…

Tu m'as donné envie. J'en avais entendu parler mais j'ai pas encore mis la main (ni l'oreille) dessus.

Manuone a dit…

Découvert il y'à 4 ans environs. C'est une énorme claque à cette époque. Et aujourd'hui un énorme plaisir de réécouter ce grand album.

Plein de joie, plein de vie, ce disque c'est la ferveur à l'état pure.

Qu'est ce que c'est bien écrit, bordel!

Un pure moment de bonheur.

Merci, le Pinback je m'en vais le découvrir rapidement :-)