
Les amateurs de péripéties à foison en resteront pour leur frais : pour apprécier "Le Samaritain", il faut savoir se laisser porter par son rythme lâche, savoir emprunter les chemins de traverse qu'ils nous propose, savoir écouter ces dizaines de voix qui tour à tour s'expriment. Pour qui acceptera de lui consacrer un peu de temps, ce magnifique roman flapi, ce grand livre las se montrera passionnant et émouvant de bout en bout. D'abord parce que son personnage central, l'étrange Ray Mitchell, est un loser sublime, conteur intarissable prêt à tout pourvu que cela lui permette de se sentir utile. Mais au-delà de cette figure marquante, c'est une formidable galerie de personnages qui s'anime sous nos yeux, un microcosme dont les actions, les histoires, les relations tissent le canevas de l'évolution d'une ville, de ses différents quartiers, de sa population, sur plusieurs décennies. C'est tout à la fois touchant et jubilatoire, à la fois totalement statique et débordant d'action : si l'histoire principale tient finalement sur un confetti, ce sont les anecdotes foisonnantes qui se greffent dessus qui font toute la substance de ce livre monde. Un roman choral, comme le rappelle la quatrième de couverture, mais là où ce type d'entreprises vise surtout à créer des intrigues qui s'entrecroisent de façon abracadabrante, Richard Price se contente de donner à chacun la parole, avec simplicité. Il ne cherche pas à épater la galerie mais il a des milliers d'histoires à raconter. Ecoutez-les !
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