31 janvier 2010

Ray French - Six Pieds Sous Terre

Pour lutter contre une vague de licenciements, Aidan, un ouvrier gallois, se lance dans une manifestation très personnelle en s'enterrant pendant plusieurs semaines dans un cercueil enseveli au milieu de son jardin. C'est sur ce point de départ (qui va évidemment déclencher une foule d'événements inattendus) que Ray French brode "Six Pieds Sous Terre", une fable sociale dans la droite lignée des canons du genre : autour d'Aidan gravite une galerie de personnages qui permet de mettre en scène des péripéties tour à tour émouvantes et cocasses (la fille aînée, sérieuse et rangée, le fils, arriviste et velléitaire, la bande d'amis couillons mais fidèles...)

"Six Pieds Sous Terre" se lit sans déplaisir et sans ennui. Sans enthousiasme débordant non plus, notamment parce que Ray French se borne à utiliser des figures classiques de la littérature sociale anglaise. Les prolétaires sont un peu rustres, mais sympathiques et plus intelligents qu'il n'y paraît, les patrons sont méchants et n'auront d'ailleurs à aucun moment la parole dans le livre. A l'arrivée, c'est grand capital qui triomphe mais les ouvriers sont plus soudés que jamais après une expérience qui leur prouve à tous les vertus de l'amitié et de l'amour...

De la difficulté à survivre dans un caisson enterré, de la claustrophobie que l'expérience peut provoquer, il n'est pas fait mention ou presque. Seules quelques pages s'attachent à décrire les premiers jours d'Aidan dans son cercueil, l'oppression de se savoir à la merci d'un événement imprévu, sans aucune possibilité physique de réagir du fait de l'exiguïté du caisson, l'organisation nécessaire pour maintenir un semblant d'hygiène corporelle... Ce sont les pages les plus réussies du livre et j'aurais vraiment apprécié que cette expérience d'isolement soit beaucoup plus développée, mais French craint visiblement d'ennuyer le lecteur et s'empresse alors de trouver des expédients pour relancer le récit à l'aide d'événements prenant place sur la terre ferme. Aidan et son cercueil ne sont alors plus qu'un prétexte pour une seconde moitié de roman en forme de métaphore de la lutte des classes. Une solution de facilité qui rend le roman plus distrayant mais qui en limite considérablement l'impact...

1 commentaire:

Nicolas a dit…

Evidemment, ce n'est pas un roman inoubliable, mais j'ai tout de même beaucoup aimé ce roman. Il est original et surtout très drôle et très juste, sans pathos, franchement c'est une belle réussite.