Suivre l'actualité musicale, fût-ce en se restreignant à quelques styles circonscrits, a quelque chose d'exténuant. J'ai même le sentiment qu'avec l'avènement de ces outils "web 2.0" qui nous permettent de communiquer à grande vitesse, le défi est devenu démentiel. Il est possible de tout écouter (ou presque) et pour demeurer crédible, il devient nécessaire de tout écouter (ou presque). Combien d'erreurs de jugement peut-on commettre en tentant de rattraper le flot de l'actualité, de se maintenir au fait des dernières sorties, d'aller, littéralement, plus vite que la musique ?
Je me pose souvent cette question, c'est d'ailleurs pour cela que je me prête volontiers à l'exercice de la critique "oldies" : au moins sur un disque que je connais par coeur depuis des années mon jugement sera-t-il bétonné, argumenté, muri, réfléchi. Je me la pose aussi parce qu'un album comme "The Meadowlands" peut typiquement être la victime d'un zapping frénétique au gré d'une séance de navigation. Le style est classique, la production pas particulièrement clinquante : à la première écoute, j'aurais très bien pu remiser The Wrens dans la longue liste des groupes anonymes qui hantent les recoins les moins explorés de ma discothèque. Pourtant, depuis que j'ai fait l'effort de l'écouter en détail, cet album n'a plus quitté mes écouteurs, je peux même affirmer sans crainte que c'est le meilleur disque que j'ai écouté cette année. Précision : "The Meadowlands" est sorti en 2003 et je n'ai pas souvenir qu'il ait défrayé la chronique. Voilà qui invite à l'humilité...
Lecteur, si tu m'as lu jusqu'ici, je te demande de me croire quand j'affirme qu'une écoute (une vraie, par pitié, fais une pause, ne te laisse pas emporter par la vague de décibels actuels qui ne manquera pas de gronder derrière toi), qu'une écoute vaut mille mots, même si ces mots sont les miens et qu'ils valent eux-mêmes leur pesant de cacahuètes. T'aiderai-je si j'ajoute que le rock de The Wrens repose sur l'équilibre fragile entre un son assez rêche, peu sophistiqué, et une finesse mélodique surnaturelle ? Qu'il faut un peu d'attention pour apprécier à leur juste valeur le refrain irrésistible et les arpèges délicats qui ornent le finale de Ex-Girl Collection ? Que j'ai les poils des avant-bras qui se dressent à chaque fois que Happy se métamorphose de complainte plaintive en gigue mi-enjouée, mi-desespérée ? Que Faster Gun ou Per Second Second me donnent envie d'empoigner une guitare pour me joindre à la fête ? Que Thirteen Grand me donne envie de pleurer de joie ? Que lorsque The Wrens prétendent résumer 13 mois en 6 minutes, ils sont loin d'être ridicules ? Que la ferveur qui habite toutes ces chansons est tellement forte qu'elle serait foutue de me faire croire en un monde meilleur ?
"The Meadowlands" est bien plus qu'une anomalie statistique : c'est un formidable manifeste de pop-rock, une déclaration d'amour vibrante aux plus grands noms du genre, un acte de foi, tout simplement... Un jour, peut-être, je serai fatigué de courir après la nouveauté ; je prendrai alors le temps de profiter de quelques fameux disques qui suffiront à mon bonheur. Au rayon des albums aussi discrets qu'indispensables, "The Meadowlands" côtoiera certainement de très près le premier Pinback. Ce n'est pas rien, chez moi, de côtoyer Pinback.
24 novembre 2009
20 novembre 2009
Un match, une chanson #2 - France - Irlande : 1-1
La France ira en Afrique du Sud disputer la Coupe du Monde et pas l'Irlande. Etrangement, l'humeur générale est aux excuses et à l'autoflagellation : depuis hier résonnent dans tous les médias les cris d'orfraie de journalistes, analystes, spécialistes battant leur coulpe d'appartenir à la nation française dont l'aura sera entachée pour l'éternité par le quart de seconde de malhonnêteté plus ou moins volontaire de Thierry Henry. Les mêmes jurent leurs grand dieux qu'à sa place ils se seraient dénoncés, auraient avoué leur faute refusé le but providentiel, forçant l'admiration des supporters. Espérons que la présence de la France en phase finale les aidera à consoler leur conscience tourmentée, leur grandeur d'âme bafouée en leur permettant d'occuper l'antenne à longueur de journée et de mettre quelques noisettes de beurre dans leurs épinards...
J'ai cherché un bon moment des idées pour illustrer cet étrange moment de sport. J'ai commencé par envisager plusieurs chansons en fonction de leur titre, de Hand In Glove des Smiths - idéal si Govou avait fauté à la place de Henry - à Hand In Hand d'Elvis Costello, en passant par Red Right Hand de Nick Cave - mais c'est la main gauche qui a fauté... Je me suis penché sur quelques fameux cas irlandais : Gloria (version U2 ou Them) ? N'exagérons rien tout de même... Dirty Old Town des Pogues ? Trop téléphoné. Frank and Walters ? Divine Comedy ? Undertones ? Difficile à raccrocher au sujet... Finalement, plus qu'une chanson, c'est un titre d'album que j'ai choisi : "Everybody Else Is Doing It So Why Can't We ?" - le premier album des Cranberries. On a tendance à l'oublier, les Cranberries, avant de sombrer dans le ridicule le plus total, ont été un excellent groupe pop, mineur, certes, mais excellent néanmoins. Ce premier album inégal mérite en tout cas qu'on se repenche sur son cas : Dolores y chante avec un minimum de retenue qui fera gravement défaut par la suite, et les compositions sont en majorité sobres et élégantes (retenons le hit Linger et le sublime Put Me Down). Qui plus est, avoir subi les outrages sonores ultérieurs du même groupe permet de calmer quelque peu les élans de mansuétude ; après tout, on s'est cognés Zombie, à leur tour de subir Henry !
Au jeu des titres d'albums, "Liberation" de Divine Comedy aurait pu faire l'affaire, à la réflexion. La question des Cranberries me paraît plus d'actualité parce qu'après tout, au football, tout le monde force le passage, essaie de donner un coup de pouce au destin. Tout le monde le fait lors pourquoi pas nous ? Pourquoi faudrait-il en sus en avoir honte ? C'est aussi parce qu'il est joué par des hommes capables de petitesses, de mesquineries, de veuleries que ce sport passionne. La France s'est qualifiée à l'aide d'un coup de bluff, peut-être même un coup de pute. C'est sale, c'est moche, c'est petit, c'est couard et je n'en ai RIEN à foutre. L'équipe de France s'est qualifiée grâce à Thierry Henry, personnellement c'est tout ce que je retiendrai : et si le rôle du capitaine de l'équipe de France, c'était aussi de savoir faire basculer un match quelle que soit l'arme employée, quitte pour cela à se retrouver au coeur d'une tourmente médiatique qui fleure bon la tartuferie ?
J'ai cherché un bon moment des idées pour illustrer cet étrange moment de sport. J'ai commencé par envisager plusieurs chansons en fonction de leur titre, de Hand In Glove des Smiths - idéal si Govou avait fauté à la place de Henry - à Hand In Hand d'Elvis Costello, en passant par Red Right Hand de Nick Cave - mais c'est la main gauche qui a fauté... Je me suis penché sur quelques fameux cas irlandais : Gloria (version U2 ou Them) ? N'exagérons rien tout de même... Dirty Old Town des Pogues ? Trop téléphoné. Frank and Walters ? Divine Comedy ? Undertones ? Difficile à raccrocher au sujet... Finalement, plus qu'une chanson, c'est un titre d'album que j'ai choisi : "Everybody Else Is Doing It So Why Can't We ?" - le premier album des Cranberries. On a tendance à l'oublier, les Cranberries, avant de sombrer dans le ridicule le plus total, ont été un excellent groupe pop, mineur, certes, mais excellent néanmoins. Ce premier album inégal mérite en tout cas qu'on se repenche sur son cas : Dolores y chante avec un minimum de retenue qui fera gravement défaut par la suite, et les compositions sont en majorité sobres et élégantes (retenons le hit Linger et le sublime Put Me Down). Qui plus est, avoir subi les outrages sonores ultérieurs du même groupe permet de calmer quelque peu les élans de mansuétude ; après tout, on s'est cognés Zombie, à leur tour de subir Henry !
Au jeu des titres d'albums, "Liberation" de Divine Comedy aurait pu faire l'affaire, à la réflexion. La question des Cranberries me paraît plus d'actualité parce qu'après tout, au football, tout le monde force le passage, essaie de donner un coup de pouce au destin. Tout le monde le fait lors pourquoi pas nous ? Pourquoi faudrait-il en sus en avoir honte ? C'est aussi parce qu'il est joué par des hommes capables de petitesses, de mesquineries, de veuleries que ce sport passionne. La France s'est qualifiée à l'aide d'un coup de bluff, peut-être même un coup de pute. C'est sale, c'est moche, c'est petit, c'est couard et je n'en ai RIEN à foutre. L'équipe de France s'est qualifiée grâce à Thierry Henry, personnellement c'est tout ce que je retiendrai : et si le rôle du capitaine de l'équipe de France, c'était aussi de savoir faire basculer un match quelle que soit l'arme employée, quitte pour cela à se retrouver au coeur d'une tourmente médiatique qui fleure bon la tartuferie ?
Libellés :
Equipe de France,
Football,
Irlande,
Un match une chanson
15 novembre 2009
Dexter - Saison 1
Attention : ce billet n'a pas pour vocation de garder intact le suspens entretenu tout au long de cette première saison de Dexter. Il est préférable d'avoir vu les épisodes en question avant de le lire, même si je ne pense pas révéler grand-chose...
Arrivée en France à grand renfort de publicités pour chaînes payantes, "Dexter" a fait office, après "Lost" ou "Desperate Housewives", de fer de lance d'une certaine catégorie de séries américaines, marquées par un budget conséquent et par une idée de départ marquante. Je ne m'étendrai pas sur le pitch de la série, tout le monde le connaît (les tribulations d'un tueur en série évoluant au jour le jour sous les traits avenants d'un expert en médecine légale au sein de la police de Miami). "Dexter" tient-il toutes ses promesses ? En très grande partie, la réponse est oui ; je n'ai pas eu le loisir de suivre un grand nombre des séries ayant vu le jour ces dernières années, mais je comprends sans peine que l'on puisse considérer "Dexter" comme un spectacle marquant.
La première évidence, c'est d'abord le soin apporté à l'ensemble : scénario bien tenu, écriture au cordeau et dialogues volontiers porteurs d'un humour cynique des plus savoureux, mise en scène et photographie léchées... Rien ne semble laissé au hasard et mises à part quelques légères baisses de tension ou facilités scénaristiques, le plaisir légèrement pervers que l'on prend à suivre cet être incroyable ne faiblit pas. Les personnages principaux sont tous parfaitement pensés et l'une des grandes réussites de cette saison réside justement dans la crédibilité de ces personnages : on aime à les suivre dans certaines péripéties qui semblent anodines mais qui aident à mieux les comprendre, à mieux les saisir. Ca n'a l'air de rien, mais cette cohérence est une chose rare : le comportement des protagonistes paraît toujours fidèle à leur caractère et l'on n'a jamais le sentiment d'un "syndrôme Kim Bauer" (allusion à un célèbre personnage de "24h" au comportement régulièrement inexplicable et/ou stupéfiant de connerie, ce qui, on le comprend rapidement, n'est qu'un recours facile pour les scénaristes afin de créer de la tension lors d'une crise d'inspiration). C'est aussi pour cela que l'on marche aussi volontiers et que l'on se passionne pour les rebondissements d'une intrigue principale qui s'avère finalement assez classique.
La très bonne idée de la série est aussi de faire appel à Michael C. Hall (l'inoubliable David Fisher de "Six Feet Under") pour incarner le monstrueux personnage central. Sa voix, en particulier, se prête admirablement à l'utilisation schizophrène qui en est faite : légèrement naïve et pleine d'accents attentionnés côté pile, cynique, atone, froide côté face. Son interprétation, dans la lancée de ses performances de "Six Feet Under", est magistrale. Tous les acteurs sont d'ailleurs impeccables, en particulier Jennifer Carpenter en grande bringue godiche et peu sûre d'elle et Julie Benz en femme-victime toujours ingénue malgré les épreuves qu'elle a traversées.
Cette première saison s'achève pourtant sur un étrange sentiment : le dénouement, presque trop riche en rebondissements et en révélations, se raccorde assez mal avec le reste de la série qui atteint ses meilleurs moments dans la description des instants quotidiens d'une galerie de personnages extraordinaires plutôt que lorsqu'elle cherche à faire le spectacle. Non que celui-ci soit mal conçu, le suspens bien huilé fonctionne parfaitement ; simplement l'utilisation de ressorts classiques de narration amoindrit quelque peu la force d'une série dont la grande idée est justement de bâtir un univers "inversé". Je m'imagine cependant que les créateurs de la série ont aussi dû tenir compte de certaines contraintes dans la conception de leur intrigue, et refuser le suspens traditionnel aurait probablement relevé d'une démarche commercialement suicidaire...
Cette petite réserve mis à part, la première saison "Dexter" est renversante, en tous points exceptionnelle. C'est donc bien naturellement que je me ruerai sur la saison 2 !
Arrivée en France à grand renfort de publicités pour chaînes payantes, "Dexter" a fait office, après "Lost" ou "Desperate Housewives", de fer de lance d'une certaine catégorie de séries américaines, marquées par un budget conséquent et par une idée de départ marquante. Je ne m'étendrai pas sur le pitch de la série, tout le monde le connaît (les tribulations d'un tueur en série évoluant au jour le jour sous les traits avenants d'un expert en médecine légale au sein de la police de Miami). "Dexter" tient-il toutes ses promesses ? En très grande partie, la réponse est oui ; je n'ai pas eu le loisir de suivre un grand nombre des séries ayant vu le jour ces dernières années, mais je comprends sans peine que l'on puisse considérer "Dexter" comme un spectacle marquant.
La première évidence, c'est d'abord le soin apporté à l'ensemble : scénario bien tenu, écriture au cordeau et dialogues volontiers porteurs d'un humour cynique des plus savoureux, mise en scène et photographie léchées... Rien ne semble laissé au hasard et mises à part quelques légères baisses de tension ou facilités scénaristiques, le plaisir légèrement pervers que l'on prend à suivre cet être incroyable ne faiblit pas. Les personnages principaux sont tous parfaitement pensés et l'une des grandes réussites de cette saison réside justement dans la crédibilité de ces personnages : on aime à les suivre dans certaines péripéties qui semblent anodines mais qui aident à mieux les comprendre, à mieux les saisir. Ca n'a l'air de rien, mais cette cohérence est une chose rare : le comportement des protagonistes paraît toujours fidèle à leur caractère et l'on n'a jamais le sentiment d'un "syndrôme Kim Bauer" (allusion à un célèbre personnage de "24h" au comportement régulièrement inexplicable et/ou stupéfiant de connerie, ce qui, on le comprend rapidement, n'est qu'un recours facile pour les scénaristes afin de créer de la tension lors d'une crise d'inspiration). C'est aussi pour cela que l'on marche aussi volontiers et que l'on se passionne pour les rebondissements d'une intrigue principale qui s'avère finalement assez classique.
La très bonne idée de la série est aussi de faire appel à Michael C. Hall (l'inoubliable David Fisher de "Six Feet Under") pour incarner le monstrueux personnage central. Sa voix, en particulier, se prête admirablement à l'utilisation schizophrène qui en est faite : légèrement naïve et pleine d'accents attentionnés côté pile, cynique, atone, froide côté face. Son interprétation, dans la lancée de ses performances de "Six Feet Under", est magistrale. Tous les acteurs sont d'ailleurs impeccables, en particulier Jennifer Carpenter en grande bringue godiche et peu sûre d'elle et Julie Benz en femme-victime toujours ingénue malgré les épreuves qu'elle a traversées.
Cette première saison s'achève pourtant sur un étrange sentiment : le dénouement, presque trop riche en rebondissements et en révélations, se raccorde assez mal avec le reste de la série qui atteint ses meilleurs moments dans la description des instants quotidiens d'une galerie de personnages extraordinaires plutôt que lorsqu'elle cherche à faire le spectacle. Non que celui-ci soit mal conçu, le suspens bien huilé fonctionne parfaitement ; simplement l'utilisation de ressorts classiques de narration amoindrit quelque peu la force d'une série dont la grande idée est justement de bâtir un univers "inversé". Je m'imagine cependant que les créateurs de la série ont aussi dû tenir compte de certaines contraintes dans la conception de leur intrigue, et refuser le suspens traditionnel aurait probablement relevé d'une démarche commercialement suicidaire...
Cette petite réserve mis à part, la première saison "Dexter" est renversante, en tous points exceptionnelle. C'est donc bien naturellement que je me ruerai sur la saison 2 !
9 novembre 2009
The Cure - Last Dance
J'ai beaucoup parlé de The Cure, récemment, en particulier de "Disintegration". Je m'aperçois que je n'ai pas mentionné une chanson qui me touche particulièrement. Il s'agit de Last Dance, et cet oubli est maintenant réparé. Je ne saurais pas réellement expliquer d'ailleurs pourquoi j'aime tellement cette chanson, probablement pour son évocation d'une jeunesse qui s'éloigne, d'un amour qui se fane, pour cette chronique nostalgique de souvenirs qui s'enfuient. Quant à cette façon de finir une chanson sur un accord en suspension au dessus du vide, ponctuant une des plus belles phrases d'un album peu avare en paroles magnifiques ("And even if we drink, I don't think we would kiss in the way that we did When the woman Was only a girl"), c'est tout simplement du très grand art.
8 novembre 2009
Un match, une chanson #1 - Get Well Soon : Prelude (PSG - Nice : 0-1)
"Rest now, weary head, you will get well soon" : c'est ce qu'on aurait envie de susurrer ce soir à Ludovic Giuly. Une petite comptine douce-amère qui commence en gueule de bois et se termine en apothéose, les poils au garde à vous sur les avant-bras. Paris a perdu au Parc contre Nice, mais c'est en quelque sorte la faute à pas de chance ("pas de chance", c'est le nom de la transversale du but côté Boulogne ?). J'aurais aimé que le match soit à l'image de la chanson, et qu'après cette première mi-temps soporifique, l'énorme pression parisienne, accompagnée des clameurs de plus en plus enthousiastes du Parc, soit couronnée de buts, d'un but, enfin de quelque chose qui ressemble à un début de victoire, à autre chose qu'à deux tirs repoussés par la barre. Après le but, le délitement, les dernières minutes à regarder un match qui n'en était plus un, une équipe désabusée et désordonnée contre une équipe qui n'en demandait pas tant pour jouer la montre. Il n'y avait plus de raison d'y croire, après tout, la guigne, ce n'est pas une vue de l'esprit. Mais Paris a bien joué, montré de belles choses, alors, malgré ce vilain coup dans les gencives : "Rest now, weary head, you will get well soon"...
(Cette vidéo ne rend que partiellement justice à la splendeur de cette merveilleuse chanson, mais c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour illustrer ce billet)...
(Cette vidéo ne rend que partiellement justice à la splendeur de cette merveilleuse chanson, mais c'est ce que j'ai trouvé de mieux pour illustrer ce billet)...
Libellés :
Football,
Get Well Soon,
Prelude,
PSG,
Un match une chanson
5 novembre 2009
Stephenie Meyer - Twilight tome 1 : Fascination
(Raillons un peu ces salauds de jeunes, ils ont moins de rides et plus de cheveux que nous, ils le méritent).
Vivre avec classe est un sacerdoce. Il est des moments où la robe de bure est plus dure à porter que d’autres, des moments où l’on a besoin de relâcher la bride. Des moments où même le plus fin gastronome peut avoir envie d'un hamburger bien gras, où le mélomane le plus averti aura envie d'écouter Numa Numa Iei, parce que... parce que bon.
Tout cela pour présenter un simple fait : j’ai lu "Twilight" - du moins le premier tome de la série. Pour être précis, ma volonté de compréhension de ce phénomène culturel moderne relève d’une opiniâtreté qui devrait m’honorer, puisqu’après une tentative de visionnage du film (assoupissement) puis une tentative de lecture du premier tome en anglais (assoupissements répétés ayant conduit à abandon), je me suis - couardement certes, mais avec opiniâtreté nonobstant - rabattu sur le premier volume de "Twilight" en traduction française. Prétendre que je fus épargné par des assoupissements répétés serait forfanterie, mais cette fois, je l'ai fait, je l'ai fini !
Ce qui me place en position idéale pour formuler de façon avertie les observations suivantes :
1) "Twilight" est écrit avec les pieds. Si la traduction paraît avoir été faite, au mieux, avec la main gauche, il faut reconnaître que le matériel de départ est d’une indigence stupéfiante, à tel point que Stephenie Meyer semble bien partie pour reléguer Mary Higgins Clark dans l'oubli au panthéon du néant stylistique. J.K. Rowling, en comparaison, c'est Balzac. La comparaison avec la maman de Harry Potter n’est pas insignifiante, puisque les deux partagent déjà un succès formidable, tant littéraire que cinématographique, porté notamment par un public jeune.
2) Ce qui me choque surtout dans "Twilight", c’est la pauvreté de l’intrigue et des thématiques. En termes de péripéties, on peut être aussi bref que le bouquin est long : on s’emmerde pendant les trois quarts du livre, puis une dernière partie manifeste une vague tentative d’animer le tout en recourant à une intrigue secondaire tellement artificielle qu’elle sent le rajout hâtif demandé par l'éditeur.
3) Même si cela ne relève pas d’une originalité terrassante, le thème de l’amour passionnel qui jouxte la frontière du fatal est toujours assez intéressant. La tension supplémentaire provenant du fait que la différence de condition entre Edward Cullen et Bella Swan les contraint à un amour platonique sans possibilité de passage à l'acte pourrait être un atout, mais cela vire au comique de répétition. En cherchant bien, on pourrait peut-être trouver des choses à écrire sur le thème de la différence d'âge entre le vampire immortel, adolescent depuis plus de cent ans, et l'oie blanche bien mortelle qui vient de fêter ses dix-sept ans. On pourrait...
Bref, en un mot comme en cent, "Twilight" reste pour moi une énigme. Sans être un fan transi de la série, je comprends, par exemple, tout à fait pourquoi "Harry Potter" a pu rencontrer un succès aussi massif, et aussi littérairement insignifiants soient-ils, les livres sont suffisamment bien construits pour s’avérer passionnants. Rien de tout cela ici : mal foutu, bancal, mal écrit, ce premier tome de Twilight est une vraie daube.
Vivre avec classe est un sacerdoce. Il est des moments où la robe de bure est plus dure à porter que d’autres, des moments où l’on a besoin de relâcher la bride. Des moments où même le plus fin gastronome peut avoir envie d'un hamburger bien gras, où le mélomane le plus averti aura envie d'écouter Numa Numa Iei, parce que... parce que bon.
Tout cela pour présenter un simple fait : j’ai lu "Twilight" - du moins le premier tome de la série. Pour être précis, ma volonté de compréhension de ce phénomène culturel moderne relève d’une opiniâtreté qui devrait m’honorer, puisqu’après une tentative de visionnage du film (assoupissement) puis une tentative de lecture du premier tome en anglais (assoupissements répétés ayant conduit à abandon), je me suis - couardement certes, mais avec opiniâtreté nonobstant - rabattu sur le premier volume de "Twilight" en traduction française. Prétendre que je fus épargné par des assoupissements répétés serait forfanterie, mais cette fois, je l'ai fait, je l'ai fini !
Ce qui me place en position idéale pour formuler de façon avertie les observations suivantes :
1) "Twilight" est écrit avec les pieds. Si la traduction paraît avoir été faite, au mieux, avec la main gauche, il faut reconnaître que le matériel de départ est d’une indigence stupéfiante, à tel point que Stephenie Meyer semble bien partie pour reléguer Mary Higgins Clark dans l'oubli au panthéon du néant stylistique. J.K. Rowling, en comparaison, c'est Balzac. La comparaison avec la maman de Harry Potter n’est pas insignifiante, puisque les deux partagent déjà un succès formidable, tant littéraire que cinématographique, porté notamment par un public jeune.
2) Ce qui me choque surtout dans "Twilight", c’est la pauvreté de l’intrigue et des thématiques. En termes de péripéties, on peut être aussi bref que le bouquin est long : on s’emmerde pendant les trois quarts du livre, puis une dernière partie manifeste une vague tentative d’animer le tout en recourant à une intrigue secondaire tellement artificielle qu’elle sent le rajout hâtif demandé par l'éditeur.
3) Même si cela ne relève pas d’une originalité terrassante, le thème de l’amour passionnel qui jouxte la frontière du fatal est toujours assez intéressant. La tension supplémentaire provenant du fait que la différence de condition entre Edward Cullen et Bella Swan les contraint à un amour platonique sans possibilité de passage à l'acte pourrait être un atout, mais cela vire au comique de répétition. En cherchant bien, on pourrait peut-être trouver des choses à écrire sur le thème de la différence d'âge entre le vampire immortel, adolescent depuis plus de cent ans, et l'oie blanche bien mortelle qui vient de fêter ses dix-sept ans. On pourrait...
Bref, en un mot comme en cent, "Twilight" reste pour moi une énigme. Sans être un fan transi de la série, je comprends, par exemple, tout à fait pourquoi "Harry Potter" a pu rencontrer un succès aussi massif, et aussi littérairement insignifiants soient-ils, les livres sont suffisamment bien construits pour s’avérer passionnants. Rien de tout cela ici : mal foutu, bancal, mal écrit, ce premier tome de Twilight est une vraie daube.
Inscription à :
Articles (Atom)