1 septembre 2009

Eli Gottlieb - Ainsi Soit-Il

Après la fin tragique de son meilleur ami d'enfance, écrivain raté, un homme se penche sur son passé et déclenche une succession de révélations plus surprenantes les unes que les autres. Sur le papier, l'argument du roman d'Eli Gottlieb paraît prometteur. Déception à l'arrivée : le livre refermé, qu'en retiendra-t-on ? Pas grand-chose ; la faiblesse d'"Ainsi Soit-Il", c'est de paraître toujours courir après la justification de son existence. Drame psychologique ? Chronique d'un couple qui se délite ? Il se passe en permanence beaucoup de chose dans le roman, en tout cas il se passe beaucoup de choses dans l'esprit de son narrateur, mais sans que jamais une intrigue ne se dessine réellement. Le livre se referme avec l'impression paradoxale d'une lecture à grande vitesse, dans l'urgence, mais qui ne mène nulle part. Pourtant toutes ces péripéties ont bien un point de convergence, qui se précise fort logiquement à la conclusion du livre, mais entre le début en fanfare et cette fin volontairement renversante, tout semble s'enchaîner sans logique.

La faute aussi à des personnages trop schématiques, trop caricaturaux : le personnage de Rob Castor, poète maudit voué à l'échec, ne prend jamais l'ampleur qui devrait être la sienne compte tenu de la place centrale que son charisme est censé lui donner dans le petit monde qui gravite autour de lui. Quant au narrateur / héros, totalement insupportable dans son affectation intello-arty bien américaine, il catalyse tous les clichés du roman psychologique new-yorkais. Les romans de David Gates ("Jernigan", "Preston Falls") ont autrement plus d'élégance et de force dans la description de l'emprise du quotidien sur la vie d'un américain moyen, et du dérèglement progressif d'une existence huilée.

La pêche sera probablement meilleure la prochaine fois, en tout cas "Ainsi Soit-Il" s'oubliera bien vite.

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