"Slam" ou "Le Petit Nicolas fait un bébé"... Les romans de Nick Hornby, depuis plusieurs années, se bornent à confirmer ce que l'on pressentait confusément : l'Anglais avait épuisé en deux livres ("Carton Jaune" et "Haute Fidélité") les seuls sujets sur lesquels il avait vraiment des choses à dire, le football et la musique. Depuis, il cherche à traiter de problèmes moins apparemment triviaux : l'amour en général, le devenir de l'amour dans la famille en particulier. Nobles thèmes en vérité, mais qui dans la pratique se prêtent mal au traitement "hornbyen" qui est, précisément, une écriture de la légèreté. Le charme des meilleurs livres de Hornby naît de l'habileté de ce dernier à faire comprendre au lecteur, par allusions, par ellipses ou au besoin à grands renforts d'humour, des choses plus profondes qu'il n'y paraît. C'est délicieux, aussi léger qu'une bulle de champagne, mais sans prôner le pathos et la démesure, je pense qu'à tout traiter sur le même mode détaché, on finit par ne plus creuser beaucoup plus profond que la surface.
"Slam" narre les mésaventures de Sam, 15 ans et fan de skate, dont la vie bascule lorsque sa petite amie Alicia lui annonce qu'elle est enceinte et qu'elle compte (évidemment) garder l'enfant. Outre les problèmes pratiques évidents, "Slam" se développe via les relations des deux enfants avec leurs parents (Sam et sa mère de 32 ans, Alicia et ses parents confits de certitudes), ce qui lui permet de gagner en épaisseur et en cocasserie. Pour le reste (et sur un sujet, je l'avoue, qui me touche plus d'autres), les pérégrinations de Sam paraissent bien bénignes, et le bouleversement absolu que devrait représenter l'arrivée de l'enfant chez cet étrange petit couple s'apparente à une péripétie bénigne du quotidien. Il n'est que de voir à quel point Hornby semble engoncé lorsqu'il lui faut aborder des événements qui s'éloignent de sa conception lissée de la narration : le sexe en est probablement le meilleur exemple. Alors que "Slam" est, fondamentalement, bâti autour de la question du sexe chez de jeunes adolescents, la chose proprement dite est évacuée en quelques phrases mal assurées qui sont censées représenter la pudeur et le malaise de Sam, mais dont on ne perçoit que trop bien à quel point elles reflètent l'angoisse de l'auteur à s'attaquer à ces difficultés.
On pressentait déjà cette limite dès "Carton Jaune" : à intellectualiser sa passion, Hornby en idéalisait certains aspects, et à lire "Football Factory", de John King, beaucoup plus rustre et physique, on comprenait que certains sujets ne sont pas faits pour être toujours pris avec des pincettes. Au final, ce qui sauve "Slam", comme les précédents romans de Hornby, c'est la plume toujours alerte de l'auteur, jamais avare d'une bonne formule, d'une remarque qui fait mouche. Je ne vais pas cracher dans la soupe : "Slam" se lit vite, sans aucun ennui, la lecture distrait souvent, émeut même parfois. Ce n'est donc pas, loin s'en faut, un mauvais livre, mais simplement un bon moment vite oublié, sur un sujet pas si anodin que cela, et qui aurait sans doute mérité mieux.
26 juillet 2009
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