13 juillet 2009

Douglas Coupland - Eleanor Rigby

Je n'avais jamais lu aucun livre de Douglas Coupland. Plus précisément, j'avais entamé "Generation X" en version anglaise, et avais abandonné au bout de quelques pages, rebuté par la difficulté que je rencontrais à comprendre ce que je déchiffrais... Un obstacle bien étrange car à la lecture d'"Eleanor Rigby" (en français, certes) et de ses phrases toutes simples, l'alternative est simple : soit les deux livres n'ont rien à voir, soit mon anglais n'est plus vraiment ce que j'aimerais qu'il soit encore.

Ceci, toutefois, est relativement anecdotique. Ce qui importe en revanche, c'est que j'aie pris du plaisir à lire "Eleanor Rigby". Voici un livre bref, au rythme alerte, qui se dévore d'une traite ou presque et qui se paie même le luxe de tirer une petite larme d'émotion dans ses dernières pages. Nous voici ainsi conviés à découvrir l'histoire de la vie de Liz Dunn, femme terne et sans intérêt, de son propre aveu parfaitement transparente, une vie aux péripéties sans réel rapport avec l'apparence lisse de cette héroïne rondelette. Le paradoxe d'"Eleanor Rigby" devient alors patent : comment adhérer véritablement à la translucidité absolue de son personnage principal (qui est pourtant le fait générateur du récit) alors que s'alignent au cours des chapitres des rebondissements aussi ahurissants les uns que les autres ? Je n'ai pas de réponse, mais "Eleanor Rigby" n'aurait certainement pas été aussi divertissant sans ces révélations à répétition... L'éloge de l'insignifiance tourne court.

Deux choses, tout de même, m'interpellent : j'avais cru comprendre, à lire plusieurs articles, que Coupland était assez largement considéré comme un auteur majeur de ces dernières années. N'ayant pas lu ses autres ouvrages, je ne peux livrer un avis valable sur la question, mais en dépit de ses très nombreuses qualités, "Eleanor Rigby" demeure un roman mineur, aussi agréable et distrayant que finalement superficiel. Quant au propos sous-jacent, il paraît bien léger, voire cucul-la-praline : s'agit-il de démontrer que même les personnes les plus insignifiantes en apparence peuvent avoir des secrets, une vie plus riche qu'il n'y paraîtrait de prime abord ? Ou bien faut-il le voir comme un abaissement du lecteur, qui, n'ayant pas vécu le dixième des aventures Liz Dunn, en serait réduit à la conclusion qu'il est en réalité encore plus transparent que cette vieille fille censée incarner le dérisoire ?


("Eleanor Rigby" est disponible chez 10-18 en format de poche, grâce soit rendue à Marie-Laure pour m'en avoir offert un exemplaire !)

5 commentaires:

Christophe a dit…

Pareil, jamais lu de bouquin de Coupland mais ça me tente bien depuis quelque temps. J'essaierai peut être "Toutes les familles sont psychotiques" ou "Girlfriend in a Coma", les 2 sont chez 10/18.

Christophe a dit…

J'ai craqué cet apreme, j'ai acheté "Toutes les familles sont psychotiques"...

Tristure a dit…

Oui, le titre fait tilt, évidemment... Tu me diras ce que tu en penses !

Cannibale lectrice a dit…

J'ai lu "Toutes les familles sont psychotiques". C'est fou comme c'est délirant. Si vous souhaitez connaître ma critique, allez consulter mon blog « Dérangée de livres » à l’adresse suivante : http://derangeedelivres.blogspot.com/

Anonyme a dit…

un fair unfair...Je suis d'accord avec vous.

Et vive les litesabers, et non à l'insipide junk food !!