Punk's not dead : ce slogan a rarement été aussi vrai que ces dernières années. Je trouve incroyable (mais révélateur) le nombre de livres parus depuis le début du siècle qui paient leur tribut à cette période de l'histoire de la musique populaire, que ce soient des romans (John King, par exemple, ou beaucoup de romans noirs) ou des ouvrages à vocation critique et documentaire, au premier rang desquels Please Kill Me ou England's Dreaming, les pavés édités en France par Allia.
Babylon's Burning joue un rôle particulier : ce poids-lourd (plus de 700 pages, tout de même) se veut une somme sur le punk au sens large, toutes origines géographiques confondues, toutes périodes confondues. Il commence donc avec Television et Patti Smith pour s'achever avec Nirvana et le suicide de Cobain, en passant entre-temps par la cold-wave et le hardcore américain. L'exhaustivité est impressionnante, l'ouvrage est documenté avec sérieux, et pourtant Babylon's Burning gêne un peu aux entournures. Pourquoi ?
Tout d'abord le style : pas toujours facile à suivre du fait de la prolifération de noms et de surnoms (on n'est pas si loin d'un Dostoïevski !), cette encyclopédie souffre d'une écriture plate et sans élégance. Ensuite Heylin surprend par certains parti-pris. Ainsi, il se paie explicitement la tête du Clash, en visant en particulier Joe Strummer (pas bien de se moquer des morts) qu'il fait passer pour un gentil crétin. La quatuor est ainsi dépeint comme une bande de révoltés à la petite semaine, prêts à tout au final pour arriver à enchaîner les tubes. Ce n'est pas forcément faux, mais en l'absence d'argumentation construite, ça ressemble surtout à un petit règlement de comptes. De même, la dérive de Sid Vicious et Nancy Spungen est expédiée en une ligne, le suicide de Ian Curtis en deux pages : cette volonté de hiérarchisation minimale entre les divers événements débouche sur un récit curieusement atonal. C'est peut-être voulu, mais à titre personnel, j'aurais imaginé un récit bien plus vivant pour cette période à la fois truculente et tragique.
Reste que Babylon's Burning regorge d'informations de toutes sortes, et se dévore sans déplaisir. C'est déjà énorme, mais voici une lecture qu'il faut absolument mettre en perspective avec d'autres ouvrages traitant des mêmes périodes.
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