30 août 2009

John Burdett - Bangkok 8

Rien de tel qu'un bon polar pour accompagner quelques heures de farniente estival ; extrêmement distrayant et réjouissant, "Bangkok 8" remplit plus que parfaitement cet office. L'histoire en elle-même est de facture plus que classique, s'appuyant sur un héros qui cherche à résoudre un étrange crime crapuleux dans un double but de justice et de vengeance, son meilleur ami (son "frère spirituel") ayant également trouvé la mort dans l'épisode. Plus original en est le développement, puisque le héros, Sonchaï Jitpleecheep, s'avère être un flic atypique refusant toute forme de corruption, et préférant s'adonner à la méditation pour construire ses enquêtes. Le choc des cultures orientale et occidentale est mis en scène par le biais d'une collaboration entre Sonchaï (métis fils d'un Américain et d'une Thaïlandaise) et Kim Jones, enquêtrice du FBI cherchant à pincer un énigmatique magnat du commerce de l'art.

Burdett ne se prive pas de donner force détails sur l'état de corruption et le fonctionnement atypique de la police thaïlandaise, et ne fait pas plus l'impasse sur le développement florissant de l'industrie de la prostitution. Indéniablement, l'efficacité de la narration y gagne, puisque le moindre événement quotidien devient révélateur d'un mode de vie et de pensée qui nous échappe presque totalement. A l'inverse, on n'échappe pas à un exotisme légèrement racoleur, à la limité d'un reportage de "Zone Interdite". En cela, on est assez loin des romans de Tony Hillerman, qui trouvaient leur force dans l'originalité du contexte (la communauté indienne à la fin du XXème siècle), et paraissaient plus exacts, moins sensationnalistes que "Bangkok 8". Moyennant quoi, en se gardant de la considérer comme une enquête sociologique (l'auteur reconnaît d'ailleurs assez humblement en fin d'ouvrage avoir recouru à quelques expédients pour agrémenter son roman), cette drôle d'histoire se déguste sans complexe, avec une délectation légèrement salace.

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